Pampelune, ou le déclin d’un homme

Il est dit que les férias sont un lieu de rencontre et de fête, ce qui est vrai, mais on ne connaît pas la face cachée de toute cette joie. Pascal, notre envoyé spécial sur le terrain, nous a projeté Julien et moi-même dans ces bas fonds.

Remettons tout d’abord en place le contexte : Les trois restants sur Logroño *Pascal, Julien et moi* avions décidé d’un commun accord que nous ne pouvions pas rater les fêtes de Pampelune. C’est ainsi que nous partîmes, fleur au fusil et bouche au goulot, sur ce terrible périple, à cet instant précis, nous ne connaissions pas encore l’épopée qui allait nous rouler dessus.

Le voyage se fit sans encombre si ce n’est un « léger » orage qui nous a obligé à nous garer sur le bas côté de l’autoroute, je n’avais jamais vu un tel déluge, ni un Julien complètement trempé après avoir ouvert la porte pendant une demi seconde histoire de rigoler. On arrive sur Pampelune, une heure à trouver une place dans un charmant petit endroit entouré d’arbre, d’oiseaux qui chantent et d’une multitude d’alcooliques confirmés qui beuglent comme des bœufs en chaleur…Haaaaaaa on s’y sent déjà comme chez nous !

Après avoir préparé nos élixirs magiques, nous voilà sur les trottoirs de Pampelune, festifs et motivés. La soirée se passe plutôt bien, un bon sandwich serrano de chez Pan’s & Company, un feu d’artifice plutôt bien foutu et des bouteilles qui se vident tranquillement. Une fois le petit tour de digestion réalisé, nous décidâmes de nous poser sur une petite place pour assister à un concert.

Essayons de restituer l’ambiance de la scène : Une place, de l’herbe tendre, un groupe conséquent de personnes assises et atteintes pour suivre un concert…Et nous.

On s’amuse, on boit, on profite, le tout entrecoupé de départs de Pascal pour aller soulager sa vessie (atrophiée sans doute) en marchant comme un pingouin qui se serait pris pour John Wayne (mythique). Des fois, des gens passent devant nous, nous regardent danser comme des loutres en folie et partagent un peu de leur temps de vie avec nous à rigoler et boire.

Au bout d’un moment, une fille vient nous parler et nous propose à boire, Julien sur ma gauche goûte et moi, curieux comme pas deux, aussi (gin coca, dégueux) et la fille continue de discuter avec nous. "Joyeux " comme simplet, je ne comprenais pas grand-chose, au bout d’un moment, la fille part, je vois Julien qui éclate de rire et me dit en souriant : « Putain, pendant que je parlais à la fille, Pascal a gerbé comme une truie » et là le choc : Pascal collé à moi, le pâté se propageant dans l’herbe et sur sa petite main, une scène d’horreur, nous venions de perdre notre innocence. On décide alors de partir car vu l’état de Pascal, ce n’est plus la peine de regarder le concert.

C’est ici que l’épopée commence, ici que le courage de deux personnes restera à jamais gravé dans la mémoire de nos enfants. Julien et moi commençons à vouloir porter Pascal, peine perdue car notre petit enfant terrible refuse catégoriquement et pourtant ce n’est pas faute d’avoir usé de tous les stratagèmes connus du genre « Hooooo regarde la belle barrière la bas ! Je suis sûr que tu y serais bien » ou encore « Bon le prochain banc qu’on voit, tu pourras te reposer ». C’est alors que nous faisons une rencontre assez magique, un groupe de français qui viennent de… De… ? Et ouiiii de Pau, de l’Esc même, heureusement qu’on est parti en stage en Espagne pour se dépayser. Evidemment, dans ce petit groupe de joyeux fêtards, il y a une Angevine, ça doit pulluler ici… Tout de suite elle prend le rôle de mère poule envers son compatriote et se met en tête de l’aider à se soulager l’estomac, ce qui a pris à peu près trente secondes grâce au mot que Pascal rend si « heureux » : Café. Julien et moi-même avons passé une heure à bien rigoler avec eux, mais d’un rire jaune, le rire du « Ouai c’est énorme, mais bon, c’est notre conducteur… »

Au bout d’un certain temps, le groupe nous ayant quitté et utilisant de subtiles stratagème (« Bon Pascal, après cette clope, on y va », exercice répété quatre ou cinq fois à la suite…) , nous arrivons à re-soulever notre colis de matières instables. Encore une fois, un sacré film de guerre avec Pascal en rôle de soldat agonisant et nous valeureux compagnons blessés (On était bourré) qui le supportions au mieux dans cette guerre de liquide.

Après avoir parcouru 6 mètres, Pascal décide de laisser sortir son côté féminin sortir, « Je veux un mouchoir…..Je veux un mouchoir…..Je veux un mouchoir ». Bien suuuuur Pascal, voyons voir, il est 2h du matin, nous sommes dans une ville remplie de jeunes alcoolisés, on va te trouver ça rapidement. Je crois qu’on peut à partir de là parler de miracle : deux secondes après, on rencontre deux personnes plutôt âgées, l’une sort directe un mouchoir en tissu complètement vierge « Il est tout propre regardez ». Pascal ne réfléchit même pas, je crois que sa morve a agit pour lui, elle s’empare violemment de ce mouchoir insouciant et encore jeune, déballe tout son émoi et lui retend aussi sec (ou trempé plutôt). Une scène de violence inégalée, je crois que j’en ferai des cauchemars jusqu’à la fin de mes jours… Si tu nous lis petit vieux qui voulait rendre service, merci à toi, merci d’avoir sacrifié ta fierté pour le bien de la Ruche.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là, nous continuons de marcher, fort de cette expérience époustouflante. Dix mètres plus loin, Pascal, qui quand il se sent mal crache comme un chameau, décide de sniper l’oreille d’un gars qui passait juste devant nous. Du grand Art, sans bavure, aucun dommage collatéral, silencieux. Une projection magique, précise, mortelle…Un vrai pro…Ce qui est toujours étonnant dans ces situations, c’est que ça retombe toujours sur les deux cons qui soutiennent le gars pour le ramener à sa voiture... Entre deux bafouillages d’excuse, un petit check up vers Pascal pour voir si il ne va pas faire une autre connerie, non c’est bon, c’est safe, il discute sans bouger la bouche avec le pavé.

Le reste du chemin s’est plutôt bien déroulé, sans encombre, avec beaucoup de parole pour éviter que Pascal s’endorme, il ne le fallait pas, c’est comme à la guerre, il ne faut pas non il ne faut pas.

On retiendra aussi dans cette histoire que même si le groupe très sympathique de Pallois nous a proposé d’abandonner Pascal sur sa petite barrière blanche et de venir avec eux, notre Conscience est arrivée sur le dos de Fidélité et a tout saccagé dans nos cerveaux… Comme quoi, cette histoire est avant tout une belle histoire d’amitié…

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Tony Montana

Ps : Le wifi est merdique pour mettre les photos que je voulais, j'actualiserai le post plus tard